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théâtre

Maison Chaos

Maison Chaos (2023)
De Joelle Sambi. Maison chaos est le récit de violences si banales et répétitives qu’elles se logent, silencieuses, dans les rides des corps et des esprits marqués à vie.

 

Si donc la violence pousse à la fois à se réfugier à l’intérieur de soi-même comme aussi à quitter proches et pays parfois, quelle garantie d’apaisement, de sécurité ce double exil offre-t-il ? Est-ce forcément mieux, sans chaos, ailleurs ? La « maison », est-ce l’endroit d’où l’on vient ou celui où on s’en est allé ? Quand on s’habitue à une certaine violence, partir n’est-il pas plus risqué ? Le temps et la distance estompent-ils le chaos ?

Prendre la route ou fuir ses démons, c’est courir un risque. Aussi abyssal et insoluble que de savoir si mourir c’est mieux que vivre. Qu’elles soient intimes, géographiques ou mentales, les routes de la survie que l’on emprunte sont singulières, dangereuses et parfois salvatrices.

Maison chaos est un spectacle tissé de poésie engagée, de slam, de chant lyrique, de musique électronique, de vidéos et d’ambiances sonores qui raconte les chemins que l’on emprunte et cartographie les traces que les violences misogynes laissent sur la mémoire, les corps et les terres.

Autrice, poétesse, slameuse, afroféministe, activiste LGBTQIA+, exilée permanente, Joëlle Sambi est l’une des figures les plus engagées de la scène actuelle. Son premier recueil de poésie, Caillasses, est sorti en 2021. Joëlle Sambi nous offre des récitals poétiques et électriques qui font grincer les dents parfois, font vibrer les corps aussi et réchauffent les cœurs assurément.

« Il y a des percées de lucioles dans ma mémoire. Elles ne m’éclairent pas, elles m’aveuglent. Je n’ai rien oublié. Aucun détail même flou. Rien oublié de tout ce qui me marque, me poursuit. Me poursuivra à jamais.

Tout me traverse avec l’acuité d’un dolby 5.1 surround. Tout. Le moindre râle, chaque goutte de sueur au goût acre : transfert front mâle dans (ma) bouche vide.

« Han ! Han ! Han ! »

Saccades, halètements, rictus pathétiques.

« Han ! Han ! Han ! »

Salive meurtrière, morsures avides.

« Han ! Han ! Han ! »

Chairs qui tressautent, mes bourrelets à peine saillants coincés, serrés entre des phalanges inconnues, invoulues et invasives.

« Han ! Han ! Han ! »

Mon âme désormais tournesol, tournée vers le sol, caveau jonché de chrysanthèmes désillusion. »

Joëlle Sambi

Publié le 24/08/2023


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