Jacqueline est une jeune adulte égarée, mais pas perdue pour autant. Exilée de son pays, le Libéria, où son père soutenait le président en place, corrompu et condamné pour crimes contre l'humanité, elle erre, isolée et affamée, sur les plages grecques. Echapper à la police, trouver de quoi nourrir, ne pas penser au lendemain, éviter les proxénètes, se construire un lit, un abri... tout en restant digne : son quotidien n'est constitué que d'objectifs de survie. C'est par la voix de sa mère, qui hante l'esprit de Jacqueline, que le lecteur en apprendra plus sur l'héroïne.

La mesure de la dérive
est un paradoxe : sombre et à la fois très solaire. Sombre, car même sans connaître le passé de Jacqueline, le lecteur perçoit que des événements dramatiques ont eu lieu. Solaire par son héroïne qui, quoiqu'il arrive, conserve son humanité et sa bienveillance. L'auteur réussit à mêler le passé et le présent sans jamais perdre le lecteur, qui peut ainsi, peu à peu, reconstituer l'itinéraire de la jeune fille. On y croise sa famille, son amant, des soldats, des clandestins, des touristes... Autant de visages qui façonnent, lentement, celui de Jacqueline, jusqu'à l'explication finale. Brillant.