De Peyo à Folon, deux hommes en bleu

Pierre Culliford, alias Peyo, sans être très connu, demeure pourtant un artiste marquant de l'histoire de la bande dessinée du Xxème siècle. Dans les années 50, l’indétrônable série Johan et Pirlouit ou encore le chat Poussy marquent le début d'une grande carrière. En 1958, les Schtroumpfs montrent le bout de leur bonnet, dans l'album La flûte à 6 Schtroumpfs, dans lequel ils apparaissent au second plan. Créés dans le seul but d'alimenter la narration par des aventures et des rencontres, leur succès fût accidentel (tout comme leur nom !). Suite à l'engouement des lecteurs pour ces lutins, Peyo décide de leur dédier une bande dessinée et de les animer. Il réalise lui-même le storyboard carré par carré, à l'aide de ses fidèles collaborateurs : Yves Delporte, José Grandmont, Pascal Garray qui continuent de travailler sur les bandes dessinées. Attaché aux valeurs familiales, l'artiste s'entoure de sa femme (pour la colorisation), de sa fille (pour la commercialisation) et de son fils (pour superviser la production). C'est ce noyau qui constitue la principale source de l'exposition Retrospective A Peyo.

Sous forme de balade à travers les planches, l'exposition transporte le visiteur dans le monde du créateur au fil de petits pas bleus. Près de 150 planches, mises en couleurs ou en noir et blanc, font souffler un vent de nostalgie qui retrace l'ensemble de la carrière artistique de Pierre Culifford, de ses premières planches à l'élaboration du dernier album des Schtroumpfs en passant par l'animation. L'art de Peyo se résume à cela, comprendre une scène sans même devoir lire les phylactères, l'artiste considérait ses planches comme de simples travaux préparatoires pour parvenir à l'élaboration d'une narration.

En terme de narration, Jean-Michel Folon s'apparente à Peyo, dont la fondation présente également son oeuvre si protéiforme. Située dans la ville de La Hulpe, l'emplacement de la fondation, relève du souvenir d'enfance pour l'artiste et qui apparaît telle une évidence pour son implantation.

Folon n'a pas choisi que le lieu, il dessine également la scénographie de l'exposition, pour ne rien laisser au hasard, tout est pensé et justifié, même proche du kitsch, le ton est parfaitement assumé par l'artiste.

La muséographie invite le visiteur à s'immerger dans le monde de l'artiste. Dès lors, un parcours s'annonce à travers les différentes aquarelles, dont la si convoitée couverture de la Déclaration des Droits de l'Homme, accompagnée de l'illustration de son personnage fétiche : l'homme bleu.

Humaniste et engagé, le peintre connaîtra le succès en réalisant les couvertures du Time et New Yorker. Multipliant les supports et les moyens pour véhiculer un message humaniste et social, Folon se pose en artiste-artisan, inquiet de l'avenir de l'humanité.