La crise de la vérité et la montée des populismes
Les exemples du populisme en politique (Trump, Poutine, Erdogan, Bolsonaro, Orban…) et de la gestion sanitaire nous le montrent à suffisance : ce n’est plus la validité et la cohérence des discours qui sont valorisées, mais leur pouvoir émotionnel. Le mensonge est plus fort que la vérité lorsqu’il vient combler des attentes sociales. Un peu partout, nous assistons à une dégradation du débat public. À l’heure des réseaux sociaux et des chaînes d’information en continu, la culture du débat rationnel ne s’est pas renforcée, elle s’est amoindrie. Plus nous sommes bombardé·e·s d’informations, plus nous avons tendance à chercher refuge dans des narrations simples qui donnent sens au chaos du monde et au chaos de notre esprit. La théorie du complot, le récit victimaire ou encore le récit de la trahison des élites deviennent alors des attracteurs puissants, producteurs d’effets de vérité redoutables qui rongent la démocratie en son cœur même.
Invité : Alain Eraly, sociologue et économiste belge, professeur ordinaire de l'Université libre de Bruxelles
Publié le 06/02/2023