Les héros shakespeariens à Namur
La genèse du projet remonte à la découverte, en 2014, à la bibliothèque de Saint-Omer d'un First Folio, première compilation éditée en 1623 des œuvres de William Shakespeare, dont il n'existe que 230 exemplaires dans le monde. Afin de s'inscrire dans le prestigieux réseaux des « Villes Shakespeare », Saint-Omer co-organise avec le musée du Louvre et le musée Eugène Delacroix, l'exposition Shakespeare romantique, qui présente l'engouement des artistes du XIXe siècle pour l'auteur, redécouvert en France durant cette période. En effet, le déchaînement des sentiments humains, décrit par Shakespeare dans ses pièces, résonne tout particulièrement au cœur de la tempête de passions incarnée par le mouvement romantique et trouve un écho jusqu'à la fin du siècle, chez les artistes symbolistes. Largement diffusés par la gravure, les motifs créés entrent dans l'imaginaire collectif et influencent encore ajourd'hui les artistes et les cinéastes. C'est d'ailleurs par le biais de cette technique, largement utilisée et améliorée par Félicien Rops, que l'exposition trouve sa place au sein du musée namurois. S'il n'a jamais directement illustré Shakespeare, Rops n'en connaît pas moins son œuvre, à laquelle il fait de nombreuses références, comme dans la série d'estampes qui accueille le visiteur : cette femme portant un vase en forme de crâne ne rappelle-t-elle pas Hamlet et son célèbre « To be or not to be » ? Plus loin dans les salles du musée, des lithographies de Delacroix et les exceptionnelles pierres lithographiques ayant servi à les imprimer illustrent ce procédé qui, comme la gravure, permettait de reproduire une œuvre en de nombreux exemplaires. Ici, le parcours, réduit par rapport à celui de Saint-Omer, se trouve néanmois enrichi par l'intégration d'œuvres d'artistes belges. Le visiteur y découvre une très belle galerie de personnages emblématiques : Hamlet, Roméo et Juliette, Othello et Desdémone... La figure d'Ophélie, la fiancée d'Hamlet qui a particulièrement fasciné les artistes, oscille entre jeune femme innocente et pure (Paul Steck) et femme fatale. A l'étage, la Lady Macbeth d'Alfred Stevens, prête à sombrer dans la folie, impressionne par sa stature et sa noirceur. Un voyage littéraire et pictural passionnant, dans le bel écrin du musée Rops.
Publié le 05/02/2018
Shakespeare romantique
Jusqu'au 25 février 2018, du mardi au dimanche de 10h à 18h
De 1 à 3€ l'entrée
Musée Félicien Rops, Namur
+32 81 77 67 55 - info@museerops.be - www.museerops.be