Les quatre de Nots sont originaires de Memphis. Loin de verser dans le rock historique single barrel pour puristes, les Nots font exploser l'alambic par une surchauffe qu'elles qualifient elles-mêmes de « weird punk ». Une bizarrerie qui se plait à déconstruire le binaire. Dans ce puzzle de débris, on retrouve les éclats de Pere Ubu, le tribalisme des Slits, le psyché racé de Thee Oh Sees ou encore l'actualité de Lost Sounds. Sous les charges agressives et rapides, le rythme prime sur la mélodie. Un mur du son fissuré par les sonorités atonales du clavier pendant que la réverb retire définitivement l'échelle pour vous accrocher au plafond. Le bordélique et le borderline semblent ici parfaitement maîtrisés, ce qui accentue l'impact des Nots et leur confère une dimension « art brut » saillante et seyante.

Plus glamour, le punk-pop de Bleached se veut résolument accrocheur, sans passer par la case racoleur. Si de par son nom le trio évoque le premier album « Bleach » de Nirvana, c'est plus vers la Californie que Seattle qu'il faut écouter si on veut comprendre Bleached. Si les vestiges grunge-riot grrrl sont encore présents dans le look et certaines compos, on sent une nette inclination à la power-pop voire à la bubble-pop. Un peu comme si L7 faisait des bulles de chewing-punk dans les cheveux de Joan Jett. Un répertoire à la Muffs, héritier de Blondie et des Ramones, avec des Bleached bien décidées à mettre du sable californien dans le sandwich pop et à faire la claque sur les coups de soleil.

Moins frontales que les Nots, Bleached n'en gardent pas moins une charge politique de par certains textes ainsi qu'une ironie et une auto-dérision les blanchissant de tout cynisme.