Barracuda, c'est le surnom de Danny, enfant d'immigrés grecs, issu de la classe moyenne australienne. En étant repéré très tôt par des entraîneurs, il décroche une bourse pour intégrer un lycée privé prestigieux et y voit le moyen d'échapper à sa condition modeste. Son (nouveau) destin est tracé : il sera champion de natation. S'il est prêt à travailler en conséquence et à concéder les sacrifices qui s'imposent, il aura surtout à travailler sur sa nature violente. Cette énergie, qu'il consacre à l'entraînement, se voit bientôt enrayée par le conseil que lui donnera un jour son entraîneur : "si on t'attaque, tu ripostes. Toujours". Un conseil qui pourrait bien le perdre...

Au delà du monde de la natation et des collèges privés, c'est aussi le portrait d'une Australie renfermée sur elle-même et loin d'être l'eldorado perçu depuis l'Europe que dépeint Tsiolkas. Malgré ses efforts, Danny ne deviendra jamais le champion qu'il rêvait être. Au lieu des J.O, ce sera la prison. Cette issue, le lecteur la connaît dès la quatrième de couverture. C'est donc le parcours de Danny qu'il faut suivre. D'abord, l'adolescent talentueux mais mal dans sa peau. Et, en même temps, le Dan qui a appris de ses erreurs. Entre les deux, ce qui a fait basculer sa vie. Les deux parties qui composent le livre (Inspirer / Expirer) permettent de comprendre ce qui a façonné le Danny adulte. La forme rejoint alors le fond, le puzzle de la vie de Danny correspond aux chapitres qui vont et viennent dans son histoire. Pas de chronologie, seulement des faits. Entre échec et reconstruction, Tsiolkas propose un nouveau roman sans concession pour son héros, et continue de décortiquer la société australienne, sans se soucier de déranger. Ou alors est-ce précisément ce qu'il cherche ?